Salut mes chers amis, je suis très heureux de partager mon autobiographie (5) : Joyeux anniversaire ! Maman ! Au revoir ! Cette section raconte comme ma mère a fait sa révolution individuelle contre la révolution culturelle de Mao, comment ma mère s’occupait de ses deux fils et a gagné deux grands appartement à Shanghai, ainsi que pourquoi je suis allé en France pour la démocratie :

Le 22 décembre 2007, c’est l’anniversaire de māma (maman) mais je dois prendre l’avion pour Paris après notre soirée. « Au revoir maman » suit « joyeux anniversaire », ce n’est pas une bonne nouvelle pour ma mère qui a 65 ans. Elle pense que j’aime la France plus qu’elle, et que « le garçon oublie sa mère dès qu’il a trouvé sa femme. » En fait, mon départ détruit son rêve d’avenir de la famille.

L’année 2007 est un tournant pour ma famille. Maman vend les titres et achète deux nouveaux appartements de 5 pièces ; mon bàba (père) fait de grands progrès pour devenir un vrai calligraphe ; dìdi (petit frère) prépare son mariage ; mais moi, son gēge (grand frère), le fils aîné de la famille, je quitte un vrai poste de fonctionnaire pour aller en France.

Maman était la fille d’un « vieil intellectuel capitaliste » diplômé de l’Université Jiao-tong de Shanghai au début du XXe siècle. Donc, nous étions tous les descendants des « ennemis du peuple » dans un pays maoïste. Pendant la Révolution culturelle (1966-1976), on a du faire plaisir au « peuple » par une vie remplie de douleur et de pleurs.

Cependant, maman faisait autrement. Chaque mois, dès qu’elle a reçu son petit salaire, elle en a dépensé une grande partie au centre de Shanghai avec toute la famille pour faire rayonner son fils devant le Soleil Rouge. Cette révolution maternelle me faisait le prince le plus aimé de Shanghai. Dans le bus, au restaurant, au parc, les filles et les femmes cherchaient chaque occasion pour m’embrasser. Le « peuple » posait ses bisous sur mes joues comme un vote unanime pour exprimer sa satisfaction.

En fait, maman préférait une princesse au prince. Puisque je n’avais pas de jiějie (grande sœur), en 1978, mon petit frère est né de son rêve d’avoir une fille. Or, la mise en œuvre de la politique de l’enfant unique nous empêche d’avoir une mèimei (petite sœur).

Depuis les années 80, grâce à la politique d’ouverture, nous vivions de mieux en mieux comme tous les Chinois. Henri IV voulait que chaque famille française puisse manger une poule le dimanche. Maman préférait un jambon de porc par semaine pour nous, et puis 2, 3, … jusqu’au jour où nous n’en avions plus mangés pour garder la ligne. Néanmoins, la condition du logement nous gênait toujours : un petit appartement de moins 50 m2 pour nous quatre. En particulier, nous avions deux grands garçons, comme le disait maman : « deux girafes dans une petite cage ».

Par rapport aux filles françaises qui peuvent se marier dans un logement loué, les filles chinoises d’aujourd’hui demandent généralement au garçon d’acheter un logement pour le mariage. Les jeunes n’ont pas assez d’argent. Ce sont leurs parents qui leur offrent. C’est aussi une tradition : les Chinois aiment bien créer de la richesse plutôt que de la dette pour les enfants.

Mon petit frère et moi voulions acheter nous-mêmes car nous gagnions de plus en plus. Par exemple, mon salaire était 2000 yuans/mois en 1997, contre 17000 yuans (1900 euros) en 2003 (avant d’être le « serviteur du public »). Cependant maman pensait toujours qu’un grand appartement pour chacun de ses fils était sa mission maternelle.

En tant qu’enseignante à la retraite, elle ne touchait qu’environ 1000 yuans/mois en 1998 (ce sommet atteindra plus de 7000 yuans, environ 900 euros en 2020). Elle n’avait pas de moyen de gagner plus. Mon père était médecin, et après sa retraite, il ne s’intéressait qu’à la calligraphie. Puisque j’achetais des titres en Bourse depuis 1992, j’avais donné à maman quelques cours, elle a décidé d’investir dans la Bourse en 1998.

C’était une vraie aventure car elle ne connaissait ni l’utilisation de l’Internet, ni les indices. Cependant, tous les défis lui semblaient une chance de prouver sa capacité dans « la formation tout au long de la vie ». La première phrase de la Bible laïque chinoise, les Entretiens de Confucius, ne nous trompe pas : « N’est-ce pas une joie d’étudier et mettre en pratique ce que l’on a appris ? [1]»

[1] 学而时习之, 不亦说乎 (en pinyin : Xué ér shí xí zhī, bù yì yuè hū), Les Entretiens de Confucius ( 1 : 1 )

Maman ne cessait d’étudier de nouvelles connaissances. Elle a ainsi profité de la réussite comme les autres Chinois qui étaient pauvres sont devenus enfin riches. Je crois que c’est un vrai modèle chinois reposant sur notre tradition : étudier tout au long de la vie, quelle que soit son âge.

Pourquoi la flamme de la France s'étiole-t-elle ?

En fait, la réussite dépend de trois facteurs : la raison, l’audace et l’insistance. Maman n’était pas une spéculatrice, elle n’achetait que des titres de bonnes entreprises qu’elle avait choisies. La vraie valeur des titres l’encourageait à oser investir tout notre argent dans la bourse, malgré six ans du marché de l’ours (L’indice était à la base entre 2001 et 2006). Plus l’indice baissait, plus on achetait, car maman croyait que les bons titres ont leur valeur comme l’or qui brillera toujours, même si mon père se plaignait toujours : « Tu vas perdre toutes nos économies !»

En fait, on croyait dans les perspectives de la Chine, car nous n’étions pas dans la période de la Révolution culturelle (1966-1976) où maman avait été sanctionnée à cause de ses petites affaires commerciales de 1962. Nous étions au XXIe siècle, la liberté en Chine ne pouvait plus reculer, nous avons parié sur le destin de la nation. C’est peut-être une autre version de l’esprit entrepreneurial à la chinoise.

Octobre 2007, maman vend les titres et reçoit 4 millions yuans (400 000 euros) issue d’un investissement original de 300 000 yuans. Elle achète deux appartements identiques de 5 pièces dans la même résidence pour ses deux fils. En 2020, ces deux appartements valent 16 millions yuans ( soit 2 millions d’euros).

12 ans plus tard, lorsque les maisons d’édition française refuseront de publier mes livres, car je suis fier d’être Chinois et que je crois en la démocratisation de la Chine, maman m’encouragera à la même façon : « N’oublions jamais comment maman a réussi et les perspectives de la patrie seront magnifiques ! »

Notre résidence est très belle, elle possède un grand jardin privé avec un joli lac, un terrain de tennis et un club. L’appartement a deux balcons où on peut boire du thé en regardant les poissons rouges nager dans le lac. Même huānhuān, notre chienne est contente d’être promenée dans la forêt avec ses nouveaux copains. Maman a accompli sa mission et souhaite que notre famille puisse vivre heureuse ensemble. Cependant son fils aîné veut quitter sa mère pour la démocratie française ?!

Elle est très triste : « Tu as renoncé à un très bon travail au gouvernement, tu lui as rendu une “Audi”, ce n’est pas le plus important, car tu peux gagner beaucoup plus dans les entreprises ou créer ta propre entreprise. Si tu voulais aller en France ou aux États-Unis pour avoir des expériences internationales, je serais d’accord. Mais tu veux étudier la démocratie, c’est une fantaisie et tu vas gaspiller ta vie et ton argent. En tous cas, tu n’es plus jeune, il faut te marier. Regarde ce bel appartement, tu ne l’aimes pas ?»

Elle a raison, 33 ans n’est pas un bon âge pour être étudiant à l’étranger, surtout pour la démocratie dont personne ne connaît l’avenir en Chine. Or, j’ai hérité aussi de son gène - de l’obstination : « Tu fais des efforts pour acheter deux appartements pour tes fils. Je ferai des efforts pour la démocratie pour l’avenir de la Chine. N’est-ce pas le même esprit ? Chaque génération a sa propre mission. »

Sauver la démocratie !

En fait, je ne l’ai jamais convaincue. Cependant, même si elle comprend peu la démocratie, elle comprend la chose la plus importante : Je suis son fils. Elle m’aime, elle doit me soutenir, quel que soit mon rêve. 

 « Zàijiàn māma ! » (Au revoir maman)  À 23h55 le 22 décembre 2007, je m’embarque dans l’avion pour Paris avec les vœux de māma et une calligraphie de bàba. C’est est un poème de la dynastie Song (960 – 1279) : « Inquiétons-nous du monde avant tout le monde, réjouissons-nous dans le monde après tout le monde ![1] »

[1] 先天下之忧而忧, 后天下之乐而乐 (en pinyin : Xiān tiānxià zhī yōu ér yōu, hòu tiānxià zhī lè ér lè) - 范仲淹 (Fàn Zhòngyān, 989-1052)《岳阳楼记》(yuèyánglóu jì)

 

La prochaine section : Bienvenu chez les Français ! 

Cette section racontera la première impression de l’auteur envers la France et sa démocratie devant ses yeux. Les contrastes entre le réalité française et l’imagination chinoise, font d’une découverte, une comédie comme Bienvenue chez les Français. (inspirée du film : Bienvenue chez les ch’tis). Il fait un constat humoristique : « vous êtes déjà entrés dans l’ère communiste sans parti communiste au pouvoir ! »

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L'Autobiographie de Yun Tao raconte ses 12 ans d’aventures dans la démocratie française.  Se plonger dans la sagesse de la nation française ; apprendre des citoyens français ; comprendre « le mal français » ; comparer l’Occident et l’Orient ; traverser le passé, le présent et le futur ; découvrir une voie pour la Chine libre et rechercher les causes de notre « échec occidental », c’est aussi une alerte pour réveiller tous les Français qui aiment vraiment la France.

 

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